Une vraie forêt

Michel Evrard • 9 avril 2022

Une vraie forêt - par Michel Evrard - Botaniste et associé Lu Picatau.

Une vraie forêt, ce ne sont pas que des arbres, encore moins une monoculture. Une biodiversité très présente sera le garant d'une forêt en bonne santé qui se répercutera aussi sur les êtres humains. Une forêt diversifiée abrite de nombreuses espèces, une plantation uniforme est un désert pour la biodiversité.


Le sol contient des milliards de microorganismes indispensables à l'écosystème forestier comprenant l'habitat de centaines d'espèces vivant grâce aux arbres, espèces diurnes et nocturnes, citons les oiseaux dont les rapaces, les chauves souris, de multiples mammifères, les centaines d'insectes, les fourmis, les champignons, les lichens et bryophytes, les épiphytes, le lierre grimpant et autres lianes… Une seule espèce en disparition peut contribuer à mettre en danger un écosystème. Les plantes primitives sont des cellules microscopiques, toujours existantes, l’arbre est un végétal ligneux pouvant atteindre de très grandes dimensions et ce sont avant tout des organismes vivants !

On entend souvent que la forêt française gagne en surface, cependant la biodiversité continue à diminuer et la biodiversité forestière en Dordogne n’est pas épargnée. Nos forêts sont, le plus souvent, exploitées pour produire du bois, a contrario d’une gestion multifonctionnelle qui doit tenir compte des problèmes économiques et des services rendus par des écosystèmes spécifiques (comme les forêts marécageuses), considérant aussi l’évolution des sols, l’étude de la régénération et des plantes bio-indicatrices, sans oublier les actions positives sur la fonction sociale. Les dangers écologiques sont, entre autres, la disparition ou l’uniformisation des habitats, l’enlèvement des bois morts et sénescents qui pourraient permettre à 3000 insectes saprophages de vivre. Certains de ces insectes se nourrissent de bois morts pourrissants et sont aussi des prédateurs de parasites.

La forêt est particulièrement visée par les fabriques de papier, nous pouvons observer des parcelles forestières massacrées, non gérées de façon respectueuse. Lors d’un défrichement, lorsque les souches sont arrachées pour y planter la plupart du temps des résineux, l’écosystème est détruit, les microorganismes animaux, végétaux et champignons qui maintiennent la fertilité et la vie du sol meurent, la terre est lessivée entraînant des sels d'aluminium en excès dans nos cours d'eau, il ne reste plus rien pour capter l’humidité indispensable à la vie.

Notre région est composée d’une complexité climatique et géologique, où vivent des espèces atlantiques, les plus nombreuses, méridionales comme le guêpier, une rainette, la cigale, l’érable de Montpellier ou le lézard ocellé, continentales comme le pic noir, la noctuelle Turque, septentrionales comme la grenouille rousse, le héron cendré, des espèces emblématiques comme le vison d’Europe et la moule perlière, des espèces nocturnes comme la salamandre tachetée ou le petit rhinolophe, voire quelques espèces endémiques comme la sabline des chaumes. Il y a aussi les espèces très rares, mais elles n’ont pas de noms vernaculaires.

Nous avons tendance à classifier en oubliant que tous les écosystèmes forment un réseau indissociable que l'on nomme la Terre.

Michel Evrard.

Le blob du Picatau

par Alerte sur la forêt et la filière bois ! 10 décembre 2025
Nous sommes témoins de l’augmentation des coupes rases en France et en Europe : constat partagé par de nombreuses études scientifiques, en accord sur le fait que la gestion forestière actuelle et l’augmentation de notre demande en bois menacent la forêt. Nous craignons pour l’avenir économique de nos territoires pour lesquels l’exploitation forestière représente un secteur économique vital. Nous souhaiterions être entendu.es et représenté.es lors de l'élaboration d'une politique publique régionale et nationale concernant la forêt, notamment lors de la construction du Schéma Régional de Gestion Sylvicole de la Nouvelle-Aquitaine, en cours de validation. Il y a urgence à faire évoluer les pratiques forestières. Nous avons besoin d’une forêt riche, diversifiée et vivante. C'est pourquoi, Forêts Vivantes Pyrénées, SOS Forêts Dordogne et Le Réseau Forêt Limousine demandent être reçus et entendus par Mme Barbut, Ministre de la Transition Écologique, de la Biodiversité et des négociations internationales sur le climat et la nature, afin de pouvoir avancer ensemble, dans l’intérêt commun. Ci-joint, la lettre envoyée à Mme Barbut, Ministre de la Transition Écologique : https://blogs.mediapart.fr/le-reseau-foret-limousine/blog/021225/alerte-sur-la-foret-et-la-filiere-bois Vous pouvez nous aider en partageant l'information et l'article autour de vous et sur les réseaux ! Merci d'avance pour votre soutien, Belle journée à vous, Le Réseau Forêt Limousine
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Conférence : "Forêts et changement climatique : que faire de nos peurs ?" de Gaëtan du Bus de Warnaffe. Namur, 17 juin 2025. Ce beau patrimoine que constituent nos forêts souffre aujourd’hui du changement climatique. Les prévisions cauchemardesques s’empilent et attisent nos peurs. Sur ce front les forestiers endossent des injonctions contradictoires, où doivent cohabiter « préserver mieux » et « récolter plus ». Faut-il couper ce qui est « vulnérable », remplacer nos espèces d’arbres par d’autres ? Peut-on encore observer et comprendre les écosystèmes, pratiquer une sylviculture patiente et adaptative ? La période actuelle interroge fortement les métiers forestiers. Les sylviculteurs devraient « sortir du bois » pour partager leurs vécus, mais aussi peut-être leur attachement à garder des forêts vivantes, à cultiver ce dialogue entre nature et économie comme piste d’un avenir souhaitable à tous. C’est le pari que Gaëtan du Bus de Warnaffe fait dans son livre « Pour une gestion écologique des forêts » paru en 2023. Cette conférence partage l’esprit de cet ouvrage et 30 ans de travail forestier, et ouvre un dialogue sur l’avenir des forêts et des métiers de la filière-bois.
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